Santé et erreurs professionnelles : regards croisés entre médecine et naturopathie
Publié par Lionel BARRIERE Naturopathe dans Droit · 19 Décembre 2024
Lorsqu'il s'agit de santé, chaque erreur a des conséquences potentiellement graves. Cependant, la manière dont ces erreurs sont perçues et traitées varie fortement selon qu'elles se produisent dans le cadre de la médecine conventionnelle ou des pratiques alternatives comme la naturopathie. Cette différence de traitement pose la question de l'équité et de la reconnaissance des professionnels de santé, qu'ils soient médecins ou naturopathes.
Les erreurs médicales : une réalité minimisée ?
Les erreurs médicales sont une réalité bien documentée. Selon certaines études, elles sont à l'origine de milliers d'hospitalisations chaque année, et parfois de décès évitables. Ces erreurs peuvent inclure :
- Prescriptions inappropriées : un médicament mal adapté ou une dose incorrecte.
- Interactions médicamenteuses non anticipées.
- Diagnostics erronés conduisant à des traitements inutiles ou nocifs.
Cependant, dans la plupart des cas, ces erreurs sont qualifiées d'humaines et interprétées comme des échecs systémiques. Les médecins bénéficient souvent d'un cadre protégé :
- Assurances professionnelles couvrant leurs responsabilités.
- Protocoles de suivi et rapports qui encadrent et minimisent les conséquences juridiques.
Cette reconnaissance institutionnelle permet aux médecins de continuer à exercer après une erreur, souvent sans que leur compétence ne soit remise en cause publiquement.
Les naturopathes face à une tolérance zéro
Dans le domaine de la naturopathie, la situation est très différente. Une erreur, même involontaire, peut rapidement conduire à une stigmatisation du praticien :
- Si une plante, un complément ou une recommandation entraîne une réaction indésirable chez un patient, le naturopathe est souvent pointé du doigt comme étant un “gourou” ou un praticien dangereux.
- Peu importe le niveau d'études ou d'expérience du naturopathe, ses compétences peuvent être systématiquement remises en cause.
Cette différence de traitement tient à plusieurs facteurs :
- L'absence de cadre légal clair : En France, la naturopathie n'est pas encore reconnue officiellement, ce qui renforce la confusion entre pratiques éthiques et pratiques abusives.
- La perception médiatique : Les erreurs en naturopathie sont souvent amplifiées dans les médias, renforçant l'image de pratiques non sérieuses.
- La méconnaissance du public : Beaucoup ignorent que les naturopathes suivent des formations rigoureuses et respectent des protocoles stricts.
Pourtant la naturopathie devrait être équitable
La France reste l’un des derniers pays de l’Union Européenne à ne pas avoir intégré les médecines non conventionnelles, malgré la directive européenne Collins – Lannoye de 1997 ( ici ). Il n’existe donc pas de diplôme d’État aujourd’hui en France.
La naturopathie est pourtant reconnue officiellement dans les pays suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Belgique, Chine, Danemark, Grande Bretagne, Irlande, Israël, Norvège, Pays Bas, Portugal, Russie, Suède, Suisse ainsi que dans le continent Indien, une douzaine d’Etats des USA et 5 provinces du Canada (la Colombie-Britannique, le Manitoba, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario et la Saskatchewan).
Pourquoi cette différence de traitement ?
Cette disparité repose en partie sur le poids de l'histoire et de la légitimité institutionnelle. La médecine conventionnelle, soutenue par des siècles d'évolution scientifique et un système réglementé, bénéficie d'une confiance quasi automatique.
En revanche, la naturopathie, bien que fondée sur des principes validés par la science, est souvent perçue comme une pratique annexe ou non validée, ce qui amplifie les jugements en cas d'incident.
Vers une égalité de considération
Pour avancer vers une perception équilibrée et juste, plusieurs mesures sont nécessaires :
- Informer le public : Éduquer sur les bases scientifiques et les limites des différentes approches de santé.
- Encadrer la profession : Instaurer des règles claires pour les naturopathes, permettant de distinguer les professionnels formés des pratiques abusives.
- Reconnaître l'erreur humaine : Que ce soit en médecine conventionnelle ou alternative, l'erreur doit être analysée objectivement pour prévenir de futurs incidents.
Conclusion
Toute erreur en santé est regrettable, mais elle doit être l'occasion d'apprendre et d'évoluer. Qu'il s'agisse de médecins ou de naturopathes, chaque praticien mérite une reconnaissance de son travail et une évaluation équitable de ses actes. En évitant les jugements précipités et en renforçant les liens entre médecine conventionnelle et alternatives, nous pourrons bâtir un système de santé plus juste et efficace pour tous.
À Claudine
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